Cheikh Ahmadou Bamba nous dit :

ÂŦ Je n ’ai point fondÃĐ une confrÃĐrie (TARÎQA), j’ai plutÃīt trouvÃĐ la voie qu’avait scrupuleusement suivie le ProphÃĻte et ses compagnons entiÃĻrement flÃĐtrie, je l’ ai dÃĐfrichÃĐe le plus proprement, je l ’ai ÃĐgalement rÃĐnovÃĐe dans toute son originalitÃĐ et lancÃĐ l’ appel suivant : Tout pÃĻlerin qui dÃĐsire partir peut venir voici la voie rÃĐhabilitÃĐe; cette voie est celle du pacte l’allÃĐgeance Âŧ

Ces propos du fondateur du Mouridisme ne laisse aucun doute sur sa mission et la raison fondamentale : la rÃĐhabilitation des valeurs culturelles de base de l’Islam dans le service du meilleur des envoyÃĐs Mohamadou Rassouloul Lah (Paix et salut sur lui). Selon toujours les propos de son fondateur, le Mouridisme est nÃĐ de ÂŦLa FOI par le TAWÎD, la LOI par le FIQ et la VOIE par le TAçAWWUFÂŧ et se fixe comme unique objectif la FACE de DIEU, le TRES HAUT le GENEREUX. C’est ainsi que tous ceux qui ont rÃĐpondit à l’appel son dÃĐsignÃĐs sous le terme de Mouride autrement dit un aspirant à DIEU (MurÃŪdul-l-lÃĒh).

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Le contexte de l'apparition de Cheikh Ahmadou Bamba

Nous sommes dans la seconde moitiÃĐ du XXÃĻme siÃĻcle, la conquÊte coloniale va s’achever. C’est la pacification. La mainmise de la France est effective sur toute l’ÃĐtendue du SÃĐnÃĐgal. Les rÃĐsistants locaux sont presque tous vaincus ; beaucoup de princes hÃĐritiers vont Être formÃĐs pour servir les intÃĐrÊts supÃĐrieurs de la puissance coloniale. Le processus d’assimilation et d’acculturation est dÃĐsormais enclenchÃĐ. C’est dans ce contexte particulier que Celui qui allait devenir Xaadimu RasÃŧl vit le jour en 1853-54.

Il faut noter, avant d’aller plus loin, que le nombre d’ÃĐcrits consacrÃĐs à CHEIKH AHMADOU BAMBA, de son avÃĻnement à ce jour est impressionnant. Mais, pour nombreuses et variÃĐes qu’elles soient, ces ÃĐtudes peuvent se rÃĐpartir en quelques catÃĐgories seulement.

Une premiÃĻre catÃĐgorie, initiÃĐe par Paul MARTY est surtout le fait d’ÂŦ africanistes Âŧ occidentaux. GÃĐnÃĐralement commanditÃĐes par l’Administration coloniale, ces ÃĐtudes se caractÃĐrisent par la subjectivitÃĐ, la suspicion et un dÃĐfaut de sympathie manifeste vis-à-vis de leur sujet.

Une autre catÃĐgorie, plus objective, mais pas suffisamment dÃĐmarquÃĐe de la premiÃĻre a ÃĐtÃĐ entreprise par des intellectuels qui ont cependant le mÃĐrite de s’intÃĐresser aux œuvres du CHEIKH et au vÃĐcu des mourides. Cheikh Tidiane SY, Fernand DUMONT et V. MONTEIL peuvent y Être rangÃĐs.

Il y a ÃĐgalement une troisiÃĻme catÃĐgorie d’ÃĐtudes, souvent inÃĐdites, entreprises par des auteurs proches du CHEIKH et trÃĻs au fait des rÃĐalitÃĐs des mourides. C’est de cette source, la moins connue, complÃĐtÃĐe par les multiples sermons et causeries des AutoritÃĐs du Mouridisme que nous nous inspirerons dans notre relation.

De l’enfance de SERIGNE TOUBA, nous signalerons simplement sa caractÃĐristique essentielle : les attitudes et les habitudes de piÃĐtÃĐ, de bonne conduite morale, et un comportement exÃĐcrant l’amusement, l’indÃĐcence et le pÃĐchÃĐ.

Vers la trentaine, il avait ÃĐpuisÃĐ toutes les disciplines de la connaissance de l’ÃĐpoque en matiÃĻre de sciences religieuses et instrumentales. Le vÃĐritable point de dÃĐpart de son hagiographie est marquÃĐ par le rappel à DIEU de son pÃĻre en 1882.

Entretemps, CH. A. BAMBA a produit de nombreux ouvrages dans le domaine des sciences islamiques : ÂŦ fiq Âŧ (jurisprudence), ÂŦ tawhÃŪd Âŧ (thÃĐologie) ÂŦ taçawwuf Âŧ (soufisme) etc.â€Ķ

A partir de 1883 donc, des changements radicaux intervinrent dans son itinÃĐraire spirituel. Sa plume se mit exclusivement au service de la rÃĐhabilitation de l’Islam en gÃĐnÃĐral et des panÃĐgyriques du PROPHETE (PSL) en particulier.

C’est l’ÃĐpoque oÃđ S. TOUBA exerça une influence grandissante qui ne laissa indiffÃĐrents ni ses contemporains, ni l’Administration coloniale.

Les souverains locaux, les dignitaires religieux, tous parlaient de lui. Les disciples affluaient de partout. Il ÃĐmigra à Mbacke Bawol, puis à Dāru Salām avant de fonder TOUBA qui deviendra le sanctuaire du mouridisme en 1888.

Sept ans aprÃĻs – et au terme d’un contrat qu’il signa avec le PROPHETE MUHAMMAD (PSL)-, il quitta TOUBA pour s’installer à Mbacke Bāri au Jolof.

C’est là oÃđ le 10 AoÃŧt 1895, Serigne TOUBA est arrÊtÃĐ par les AutoritÃĐs coloniales et exilÃĐ peu aprÃĻs au Gabon.

A ce propos, il nous paraÃŪt intÃĐressant de noter que, pendant que l’Administration coloniale ÃĐtait satisfaite d’ÃĐloigner un ÂŦ rÃĐcalcitrant Âŧ, CH. A. BAMBA lui, rendait grÃĒce à son SEIGNEUR de lui avoir permis d’assumer les ÃĐpreuves qui allaient lui faire acquÃĐrir tout ce qui constituait l’objet de sa quÊte.

 Serigne Saliou MBACKE, alors Khalife GÃĐnÃĐral des Mourides nous apprenait que c’est au jour du dÃĐpart du CHEIKH en exil que DIEU lui accorda tout ce à quoi il aspirait. C’est le 18ÃĻme jour du Mois lunaire de SAFAR, en l’an 1313 de l’HÃĐgire. C’est ce jour là que l’on commÃĐmore par le Grand Magal de TOUBA.

AprÃĻs un peu plus de 7 ans dans un milieu biogÃĐographique particuliÃĻrement hostile, le CEIKH fut ramenÃĐ au SÃĐnÃĐgal, aurÃĐolÃĐ de gloire et plus populaire que jamais. C’ÃĐtait en Novembre 1902.

Un an plus tard, ce sera de nouveau les ÃĐpreuves avec un ÃĐloignement en Mauritanie, puis une assignation à rÃĐsidence à CÃĐyÃĐn (Jolof) et finalement la rÃĐsidence obligatoire à Diourbel.

Le rappel à DIEU survint en 1927, aprÃĻs un sÃĐjour terrestre de 72 annÃĐes exclusivement rÃĐservÃĐes à l’adoration de DIEU et au service de SON ENVOYE (PSL).

Source : Un aspect de la poÃĐsie ÂŦ wolofal Âŧ mouride. L’ÃĐducation morale et spirituelle de l’aspirant (al murid) dans la production de Serigne Mbay JAXATE, Mamadou LÔ, L’Harmattan, juin2020.

Voir aussi Minanul BaqÃŪl khdimâ€Ķ de Serigne Mouhamadou Bachir MBACKE et IrwÃĒ u-nadÃŪmâ€Ķ de Serigne Mouhamadou Lamine DIOP Dagana et Cheikh Ahmadou Al Khadim le Serviteur du ProphÃĻte Mouhammad et le Leader spirituel de Amadou Bamba Khadim Mountakha MbackÃĐ